FORUM DE L’INNOVATION SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE DE L’OUEST (WAPSI)
DISCOURS PRINCIPAL
« Impact de COVID-19 sur le programme de paix et de sécurité de la CEDEAO – repenser la consolidation de la paix régionale »
PAR DR. MOHAMED IBN CHAMBAS
ANCIEN REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU ET CHEF D’UNOWAS
9 MARS 2022
Votre Excellence Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l’UNOWAS
Votre Excellence Jean Claude Kassi Brou, Président de la Commission de la CEDEAO
Excellence, Geoffrey Onyeama, Ministre des affaires étrangères, République fédérale du Nigéria
Votre Excellence l’Ambassadeur Bankole Adeoye, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine
Excellence Cécile Tassin-Pelzer, chef de la délégation de l’UE au Nigéria et à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
Votre Excellence Birgitt Ory, Ambassadrice de la République fédérale d’Allemagne au Nigeria
Distingués membres du corps diplomatique
Chers administrateurs et collègues de la Commission de la CEDEAO
Distingués participants, Amis des médias
C’est un grand honneur pour moi de me joindre à vous aujourd’hui à cette première édition du Forum d’innovation pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest (WAPSI). Je suis en effet ravi de me joindre aux éminents collègues pour partager nos réflexions sur cette pandémie qui a secoué le monde et impacté fondamentalement nos modes de vie.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Mon allocution sera brève. Je voudrais partager avec vous quelques perspectives inspirées du rapport WAPSI qui constitue un document de travail clé de ce forum et qui sera lancé aujourd’hui.
J’attire principalement votre attention sur la pandémie de COVID-19 et la myriade de défis qui y sont liés auxquels le monde et plus particulièrement notre région sont confrontés. Je tenterai également d’attirer notre attention sur la nécessité de repenser nos stratégies et nos politiques aux réalités auxquelles le COVID-19 a exposé notre région, quelle que soit la résilience dont nous avons fait preuve face aux décès.
Depuis son apparition en décembre 2019 à Wuhan, en Chine, la maladie COVID-19 s’est propagée dans le monde entier, et notre région n’a pas été épargnée. La pandémie a touché tous les secteurs et divers groupes de la société, en particulier les plus vulnérables. Nous avons tous été témoins de l’impact négatif sur les économies mondiales et à tous les niveaux de nos sociétés. Et bien qu’il soit principalement considéré comme une crise mondiale de santé publique, le COVID-19 a également eu un effet significatif sur la paix et la sécurité, en particulier dans notre région.
Le rapport de recherche WAPSI, qui sera présenté et lancé sous peu, établit clairement que la pandémie de COVID-19 a amplifié le lien entre la santé publique et la sécurité humaine. Qu’au-delà des défis de santé publique, cela a également aggravé les problèmes de sécurité existants et les vulnérabilités socio-économiques des citoyens de la CEDEAO, en particulier les femmes, les filles, les personnes handicapées et les personnes déplacées.
La propagation du COVID-19 a drastiquement bouleversé nos modes de vie. Cet impact a été principalement ressenti dans un contexte fragile où une combinaison de conflits armés prolongés, de mauvaise gouvernance et de systèmes de santé inadéquats a prédisposé les États membres à des effets beaucoup plus dévastateurs de la pandémie.
Les restrictions sur les rassemblements publics ont réduit l’espace civique d’engagement et de plaidoyer en faveur d’une participation significative des jeunes et des moins jeunes à la vie politique, précisément lors des élections générales de 2020 et 2021 dans certains États membres de la CEDEAO. De nombreux organes électoraux et organisations de la société civile et électeurs ont dû, en raison des protocoles de santé COVID-19, s’appuyer sur l’éducation au vote numérique, ce qui rend difficile pour les citoyens ruraux n’ayant pas accès aux médias traditionnels ou sociaux d’obtenir l’éducation nécessaire pour être informés et pleinement informés. participation aux élections. Le COVID-19 a contribué à la faible participation électorale dans certains pays ainsi qu’à d’autres problèmes d’insécurité.
Excellences, Distingués Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de réitérer ces points que le rapport WAPSI a encore une fois judicieusement élucidés. Nous savons tous à quel point le COVID-19 a révélé et aggravé les faiblesses indéniables des systèmes de santé ainsi que les déficits infrastructurels et les lacunes en matière de capacités dans la gestion des urgences sanitaires et humanitaires à grande échelle. Ces déficits en infrastructures de santé et en ressources humaines ont malheureusement entravé l’accès aux soins de santé primaires et la négligence partielle d’autres menaces sanitaires préexistantes, notamment le paludisme, la fièvre jaune, le choléra et la méningite. La pandémie a donc réveillé la conscience nationale des nations africaines pour repenser notre programme de développement afin de combler rapidement les lacunes afin d’améliorer notre résilience aux chocs tels que les pandémies de Covid-19.
Les effets malheureux de la pandémie sur la vie socio-économique et sur la paix et la sécurité sont les raisons pour lesquelles les Nations Unies, d’autres organisations mondiales et régionales et les gouvernements travaillent ensemble pour faire en sorte que l’humanité fournisse une réponse collective plus efficace et efficiente au multi- défis à facettes.
Alors que les pays poursuivent le déploiement de vaccins pour lutter contre le COVID-19, couplé à l’assouplissement progressif des protocoles, ce qui est certain dans un avenir prévisible, c’est que nous pourrions continuer à subir l’impact de la pandémie sur nos vies socio-économiques.
Le forum WAPSI signifiera une chose pour les peuples d’Afrique de l’Ouest : un front uni pour engager toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse d’acteurs de la société civile, de décideurs politiques, de dirigeants communautaires, de groupes politiques de jeunes, de médias et bien d’autres. A travers ce forum, nous voulons pouvoir mettre en lumière des stratégies qui contribueront à lutter contre le chômage des jeunes en créant des emplois durables et en offrant des incitations économiques pour soutenir les jeunes entrepreneurs dans les petites et moyennes entreprises, ainsi que ceux du secteur informel.
A travers ce forum, nous voulons pouvoir engager des réflexions stratégiques à long terme sur la façon de réduire significativement la dépendance alimentaire externe chronique en apportant un soutien à la production locale et à la transformation des produits alimentaires pour améliorer la sécurité alimentaire et les systèmes de nutrition qui deviennent essentiels dans moments vécus pendant cette pandémie.
À travers le forum, nous devons repenser les stratégies qui aideront à former une présence sécuritaire solide maintenue dans les zones instables et sujettes aux conflits de l’espace ouest-africain afin de lutter contre l’extrémisme violent et les crimes organisés. Dans cet ordre d’idées, il sera bon de voir un renforcement des capacités opérationnelles des forces nationales de défense et de sécurité notamment dans la région du Sahel et du bassin du lac Tchad.
J’espère, Honorables Collègues, Excellences, Mesdames et Messieurs, que lorsque nous sortirons les recommandations de ce Forum, nos institutions continentales et régionales, avec le soutien de la société civile et des citoyens, accorderont également la priorité à la préparation et à la gestion des catastrophes dans la mise en œuvre de la CEDEAO. Cadre de prévention des conflits (ECPF), l’agenda Femmes, paix et sécurité (WPS) et les autres protocoles régionaux sur la paix et la sécurité.
Alors que nous marquons la Journée internationale de la femme, nous sommes solidaires avec nos femmes pour « briser les préjugés « . Alors que nous franchissons cette étape louable aujourd’hui, j’appelle tous les hommes de bonne volonté de notre région à faire en sorte que cette initiative compte.
Je vous remercie tous et vous souhaite des délibérations fructueuses.